Comment obtenir un compost de qualité ?
Obtenir un compost de qualité n'est pas chose aisée ! Encore moins à l'échelle collective ou industrielle ! Alors, comment composter de gros volumes de biodéchets sans nuisance ni odeur, et en toute simplicité ?
Le compostage, vous connaissez : un bac au fond du jardin, rempli d'épluchures et de tontes de gazon, et que l'on retrouve 12 à 18 mois plus tard rempli de compost prêt à être épandu dans le potager.
Et pourtant, obtenir un compost de qualité n'est pas du tout facile, surtout à l'échelle collective ou industrielle ! L'entassement de la matière organique ou le compostage dit "de surface" (qui incorpore les déchets au sol de manière superficielle) ne permet pas à la matière de se décomposer correctement.
Avec ces méthodes, vous prenez même le risque que les biodéchets, entassés dans un milieu sans oxygène, produisent du méthane. Le méthane est un gaz dont le pouvoir de réchauffement climatique est 25 fois supérieur à celui du CO2 ! C'est dommage, car le compostage s'inscrit pleinement dans l'approche écologique de l'économie circulaire.
Qu'est-ce qu'un compost de qualité ?
Le compost, c'est avant tout de l'humus ! Comme celui que l'on trouve dans les sous-bois, sous le tapis de feuilles mortes, et qui a cette odeur si caractéristique des promenades d'automne.
L'humus est le résultat de la décomposition de la matière organique dans un milieu aéré et humide. L'azote et le carbone, qui constituent la majorité des biodéchets, sont assimilés et transformés en énergie par une faune incroyable : insectes, myriapodes, cloportes, vers, acariens, bactéries, moisissures, levures, micro-algues, etc. C'est ainsi que les feuilles qui tombent des arbres se transforment en humus chaque automne !
Lorsque le compost est créé par compostage, le processus est plus contrôlé pour un résultat maîtrisé. Le compost mûr, prêt à être utilisé, est de couleur brune ou noire. Il a un aspect homogène, sans grumeaux, et peut être émietté et étalé facilement. Il est stable, avec un rapport carbone/azote stabilisé de 10-15, ce qui signifie qu'il ne contient plus d'azote assimilable par les micro-organismes. Il est également hygiénisé, c'est-à-dire exempt de tout pathogène et de graines de mauvaises herbes (les fameuses mauvaises herbes).
Quels éléments trouve-t-on dans un bon compost ?
Lorsque le compost est épandu sur le sol ou sur les cultures, il présente deux avantages principaux : la fertilisation et l'amélioration du sol.
La fertilisation : c'est la capacité du compost à apporter des éléments nutritifs assimilables par les plantes. En d'autres termes, de les nourrir directement. Ces éléments fertilisants sont apportés sous forme organique : azote (N), phosphore (P), potassium (K) et magnésium (Mg), ainsi que divers oligo-éléments en très petites quantités.
Attention ! Même s'ils sont présents en masse dans le compost, ces éléments ont un faible pouvoir fertilisant. Moins de 10% de l'azote apporté est disponible la première année, et environ 30 à 40% du phosphore.
Cela ne signifie pas que l'utilisation du compost est inutile, bien au contraire. Mais sa valeur amendante est bien plus intéressante que sa valeur fertilisante ! Il stocke la matière organique dans le sol et donc, à long terme, stimule son activité microbienne, améliore sa structure et sa capacité à retenir l'eau. Avec le compost, on nourrit d'abord le sol pour nourrir la plante.
Le compost a un fort effet d'amendement organique : 1 tonne de compost apporte environ 300kg de matière organique, soit 216kg d'humus, pour un indice de stabilité de la matière organique (ISM) de 72%) .
C'est précisément cet indicateur, l'ISMO, qui permet de mesurer la qualité d'un compost. Il indique le pourcentage de compost qui va se transformer en matière organique stable, c'est-à-dire en humus. Plus cet indice est élevé, plus la matière organique est stable et plus elle est difficile à dégrader, plus le sol est riche.
Un compost de qualité est donc celui qui a un indice OMSI élevé et, dans une moindre mesure, qui contient des éléments nutritifs assimilables par les plantes.
Que faut-il pour faire un bon compost ?
Le compostage est un processus vivant ! Pour obtenir un bon compost, il faut créer les conditions favorables à la vie microbienne. Ces conditions sont assez simples : il faut du carbone organique, une aération suffisante et une humidité constante.
Des déchets riches en carbone
Pour produire un compost de qualité, la première chose à faire est d'utiliser un matériau de départ équilibré en nutriments pour les micro-organismes, ce qui peut favoriser une bonne fermentation.
Les matières organiques sont composées principalement d'azote et de carbone. Le rapport carbone/azote, noté C/N, détermine le potentiel humique du compost, c'est-à-dire sa capacité à générer de l'humus. Plus le rapport C/N est élevé, plus le compost se dégrade lentement et fournit un humus stable. Pour une activité bactérienne optimale, le rapport C/N doit idéalement être compris entre 25 et 35, c'est-à-dire que la matière organique entrant dans le compost contient 25 à 35 fois plus de carbone que d'azote.
Les biodéchets riches en carbone sont des matières ligneuses comme les branches, le bois, les épis, les feuilles mortes, la sciure ou le carton. En revanche, les matières molles et humides comme les tontes de gazon fraîches, les boues, les effluents, les épluchures de fruits et de légumes sont riches en azote.
La viande et les matières protéiques animales ont déjà un rapport C/N satisfaisant. On peut les ajouter sans se soucier des ratios carbone/azote. Les déchets de cuisine, y compris la viande et le poisson, sont également les bienvenus dans le compost. Comme toute matière organique, ils finiront par se décomposer.
Toutefois, dans les composteurs en bois, il est préférable de ne pas mettre de viande afin d'éviter les mauvaises odeurs et les parasites. En revanche, dans les composteurs électromécaniques, il est tout à fait possible de jeter tous les restes d'assiettes et de préparation des aliments car le processus d'hygiénisation évite ce genre de désagréments !
Eau
L'eau est essentielle à la vie et au compost ! C'est l'eau qui permet aux bactéries, moisissures, vers et autres insectes de vivre dans le compost. Un compost de bonne qualité est légèrement humide. S'il est trop sec, le mélange s'échauffe et carbonise la matière organique.
Mais attention à ne pas en faire trop ! Si le mélange est trop humide, le processus de fermentation n'a pas assez d'oxygène : il synthétise du méthane et entraîne le pourrissement. Au final, le compost est de moins bonne qualité.
On estime que le taux d'humidité idéal se situe entre 40 et 70 % en masse, selon la phase de compostage. Elle peut être contrôlée, notamment dans un composteur électromécanique qui effectuera des mesures.
L'air
Comme l'eau, l'air est indispensable aux bactéries qui décomposent la matière organique. Leur action doit se dérouler en conditions aérobies, c'est-à-dire en présence d'oxygène.
En l'absence d'oxygène, on est en conditions anaérobies : on n'a plus la dégradation souhaitée, mais une simple fermentation, source de mauvaises odeurs et de méthane.
Pour avoir un compost bien aéré, il y a deux possibilités, qui peuvent être combinées :
- soit, on incorpore des déchets verts qui vont laisser passer l'air, comme la paille ou le bois déchiqueté.
- soit, le compost est régulièrement aéré mécaniquement, c'est-à-dire retourné ou mélangé. Cela peut se faire avec une simple fourche dans un jardin, ou avec des outils plus puissants et automatisés lorsque le composteur est de bonne taille.
Acidité contrôlée
Pour créer les conditions favorables à la dégradation des matières carbonées, il est préférable d'avoir un environnement plutôt neutre. Le pH varie en fonction du type de déchets présents dans le compost et de leur maturité. Si les matières utilisées sont très acides, on peut ajouter du calcium pendant le processus de compostage pour renforcer l'alcalinité du milieu.
Si l'on veut garantir la qualité du compost à la fin du processus, il est nécessaire de savoir quels déchets on va y jeter. C'est pourquoi UPCYCLE accompagne la plupart de ses clients dans l'identification des biodéchets produits, afin d'établir la meilleure recette de compostage, et de garantir la qualité du compost en sortie.
Une température maîtrisée
Le compost monte naturellement en température pendant les premiers jours. Elle peut atteindre 60 à 70°C grâce à l'activité des populations microbiennes qui dégagent de la chaleur.
Le maintien de températures élevées permet d'hygiéniser la matière à composter, c'est-à-dire d'éliminer les agents pathogènes, les maladies (salmonelles) et les parasites (œufs d'helminthes, par exemple). Il peut également détruire ou inhiber la germination de certaines graines, comme les mauvaises herbes.
A des températures inférieures à 45°C, la survie de la plupart des germes est de 180 à 240 jours. Entre 45 et 55°C, leur survie n'est que de quelques jours. Une température de 55°C pendant plusieurs jours réduit le risque à presque zéro.
Si vous produisez plus d'une tonne de compost par jour, vous devrez obtenir un permis sanitaire. Ce dernier est conditionné à un compostage respectant le couple temps/température (plus de 55°C pendant 2 semaines). Vous devrez alors fournir la preuve de cette hygiénisation.
En dessous de ce seuil de production, vous n'êtes pas tenu d'obtenir cet agrément pour le distribuer localement. Cependant, certains de vos partenaires (pépiniéristes, gestionnaires d'espaces verts) peuvent vous demander de fournir la preuve de son hygiénisation.